Dr. Nadine Kronfli
Membre, Comité de surveillance des données
McGill University Health Centre
Voir la biographieDans le cadre de cette étude pilote, on a comparé l’acceptabilité de deux tests de dépistage du virus de l’hépatite C (VHC) chez des détenus purgeant une courte peine dans un établissement de détention provincial. Plus précisément, on a comparé la proportion de participants à l’étude qui, lorsqu’on le leur a proposé, ont accepté de subir un dépistage par prélèvement au bout du doigt plutôt que par veinopuncture (prise de sang).
Environ 250 000 personnes vivent actuellement avec le VHC au Canada. La principale cause d’infection par le VHC est l’utilisation de drogues par injection – selon certaines estimations, jusqu’à 50 % des utilisateurs de drogues par injection ont été exposés au VHC. Une proportion importante de détenus canadiens déclare s’être injecté de la drogue, et un sur quatre a déjà été exposé au VHC. En revanche, moins de 1 % de la population canadienne en général a été exposée au VHC; c’est donc dire que la population carcérale est 40 fois plus susceptible d’avoir été exposée au VHC que la population en général.
Malgré cela, moins de 10 % des détenus dans les établissements provinciaux du Québec subissent un dépistage du VHC pendant leur incarcération, en partie parce qu’ils doivent le demander. Par conséquent, ils ne font pas l’objet d’un dépistage systématique à leur arrivée en prison ni en fonction de facteurs de risque comme l’utilisation de drogues par injection, les pratiques de tatouage avec du matériel non stérile ou de perçage corporel. La norme actuelle en matière de dépistage du VHC dans la plupart des établissements de détention canadiens est la veinopuncture (prise de sang). Cependant, cette méthode nécessite un rendez-vous de suivi pour la communication des résultats, ce qui signifie que les détenus qui purgent une courte peine peuvent être libérés ou transférés avant que leurs résultats ne soient disponibles.
Le prélèvement au doigt est une autre méthode de dépistage du VHC. Si elle est plus coûteuse que le veinopuncture, elle permet d’obtenir un résultat en 20 minutes et deuxième rendez-vous n’est donc pas nécessaire. L’acceptabilité du dépistage du VHC par prélèvement au doigt a été évaluée chez les utilisateurs de drogues par injection, mais jamais dans la population carcérale.
Dans le cadre de l’étude CTNPT 034, on a recruté 78 détenus purgeant des peines d’une durée de 2 à 12 semaines dans les 24 heures suivant leur arrivée en prison. Ceux qui ont consenti à participer à l’étude ont rempli un questionnaire de base sur l’utilisation de drogues par injection et le VHC. On a ensuite demandé aux participants s’ils souhaitaient subir un dépistage du VHC et, s’ils y consentaient, ils ont été randomisés afin de subir un dépistage par veinopuncture ou par prélèvement au doigt. Ceux qui ont refusé ont rempli un questionnaire sur leur perception du dépistage; quant à ceux qui l’ont subi, ils ont rempli un questionnaire avant et après pour évaluer leurs perceptions et leur expérience du test.
On a évalué l’acceptabilité en fonction de la proportion de participants qui ont accepté de subir le test lorsqu’on leur a proposé l’une des méthodes de dépistage. L’équipe de recherche a également comparé la proportion de détenus dépistés par la méthode de la veinopuncture par rapport à celle du prélèvement au doigt qui ont reçu leur résultat avant leur sortie de prison.
Alors que la plupart des participants (76 %) avaient déjà fait usage de drogues, seule une minorité (8 %) d’entre eux ont déclaré avoir utilisé des drogues par injection, et environ la moitié de tous les participants croyaient courir un risque modéré ou élevé de contracter le VHC. Tous les détenus du groupe réparti de manière aléatoire pour subir la méthode de prélèvement au doigt ont accepté, contre 87 % pour la veinopuncture. Tous ceux qui ont subi le test par prélèvement au doigt (100 %) en étaient satisfaits, contre 97 % dans le cas de la veinopuncture. De même, 97 % des personnes qui ont subi le prélèvement au doigt le recommanderaient à d’autres, contre 94 % pour la veinopuncture. De plus, tous ceux qui ont subi le test par prélèvement au doigt (100 %) la choisiraient à nouveau, contre seulement 76 % de ceux de la veinopuncture.
Les hommes adultes incarcérés étaient plus susceptibles d’accepter le dépistage du VHC par prélèvement au doigt que par prise de sang. Ils étaient également plus susceptibles de choisir la méthode du prélèvement au doigt pour un futur dépistage du VHC. Quelle que soit la méthode utilisée, cette recherche souligne l’urgence d’évoluer vers une approche de dépistage avec option de refus afin d’éliminer le VHC dans les établissements de détention.
Pour plus de renseignements au sujet de cette étude clinique, veuillez communiquer avec l’investigatrice principale.
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