« Avec notre étude, nous tenterons de vérifier si un médicament breveté et d’usage courant peut donner lieu à une guérison fonctionnelle de l’infection au VIH », résume le Dr Michaeline McGuinty, responsable de l’étude CTNPT 031.
Le médicament en question est le védolizumab, un anticorps monoclonal anti-intégrine α4β7 actuellement utilisé pour le traitement des maladies inflammatoires de l’intestin. On croit qu’il agit en ciblant les lymphocytes T et en leur bloquant l’accès à la paroi intestinale.
« Ce projet fait suite à une étude publiée en 2016 selon laquelle un traitement par anticorps monoclonal anti-intégrine α4β7 chez des singes porteurs du VIS traités par antirétroviraux donne lieu à une suppression de la charge virale et maintient la numération des CD4 après l’arrêt des antirétroviraux. Cet effet a persisté longtemps après le traitement par anticorps », ajoute le Dr McGuinty.
La guérison fonctionnelle est le résultat hypothétique d’un traitement qui permettrait à une personne vivant avec le VIH de cesser de prendre le TAR sans manifester de rebond viral persistant ni de voir sa fonction immunitaire se détériorer. Bien que védolizumab pourrait vraisemblablement agir chez l’être humain et produire une guérison fonctionnelle, comme chez le singe en laboratoire, son mode d’action est inconnu. Une partie du VIH pourrait être ciblée directement par le védolizumab. Il se fait que les lymphocytes CD4 qui sont ciblés par le médicament sont également très sensibles au VIH et jouent un rôle majeur dans certaines réponses immunitaires spécifiques au virus et dans l’immunité en général.
L’étude CTNPT 031 se penchera principalement sur l’innocuité et la tolérabilité du védolizumab chez des participants séropositifs traités et non traités par antirétroviraux. Trois groupes de quatre participants recevront respectivement sept perfusions de 300, 150 et 75 mg échelonnées sur six mois. Après avoir reçu la troisième perfusion, ils cesseront leur TAR et seront vus par un médecin une fois par mois. Après avoir reçu la septième perfusion, ils subiront des contrôles périodiques pendant une période de six mois ou plus, selon leur réponse au médicament.
« En cas de rebond viral significatif ou de baisse persistante de la numération des CD4 durant le suivi, le TAR serait repris », affirme le Dr McGuinty. « Ce type d’interruption de traitement analytique de courte durée et sous étroite surveillance est une façon sûre et efficace de vérifier le potentiel de certaines stratégies thérapeutiques. »
En cas de rebond viral, les investigateurs souhaitent également savoir comment le système immunitaire répond à la reprise du TAR et si l’efficacité attendue lors de sa reprise est modifiée par le védolizumab. Des échantillons de sang, de selles, de tissu intestinal et de liquide céphalorachidien seront recueillis pendant l’étude.
Indépendamment des résultats, les conclusions de cette étude apporteront une contribution importante à ce domaine de recherche. Un résultat négatif améliorera notre compréhension du réservoir viral et du mécanisme de rebond viral, tandis qu’un résultat positif pourrait aboutir à un essai clinique de plus grande envergure et à un protocole de guérison fonctionnelle.
Cette étude est codirigée par les Drs Michaeline McGuinty et Bill Cameron de l’Institut de recherche de l’hôpital d’Ottawa, en conjonction avec CanCure (Canadian HIV Cure Enterprise) et procède actuellement au recrutement de ses participants à Ottawa.